Girafe de Troie
Ani Deschênes
Résidence — Artiste
Ce projet a été réalisé dans le contexte d’une résidence de coproduction en art infiltrant de février 2009 à octobre 2010.
Le projet est associé à la résidence d’auteur de Jérôme Delgado.
En se documentant sur l’histoire du Zoo de Granby, lors d’un séjour de prospection au 3e impérial, l’attention d’Ani Deschênes s’attarde sur une photographie d’archive illustrant l’arrivée d’une girafe au zoo en 1964. Cette image, conjuguée à l’intérêt de l’artiste pour les liens entre les humains et les animaux, et plus particulièrement pour les notions d’apprivoisement et de ruse, déclenche un processus de création. Déterminée à infiltrer l’univers particulier du zoo, elle propose au 3e impérial un plan dont l’essentiel consiste à convaincre le zoo d’adopter sa «girafe de Troie». Réciproquement, l’artiste projette d’adopter une girafe du zoo, un geste à la fois symbolique et réel. Le plan est futé. L’œuvre se déploie par d’habiles détours. Le savoir-faire de l’équipe du 3e impérial est mis à profit. Des rencontres s’organisent avec les gens du zoo, dont un entretien avec le gardien des girafes. Misant aussi sur les stratégies conceptuelles propres au design d’objets, l’artiste s’adjoint l’expertise du designer Francis Turgeon, pour la conception des esquisses et maquettes préparatoires ainsi que pour la fabrication de la girafe de Troie.
Parodiant le mythe d’Ulysse, dans l’Odyssée d’Homère, l’œuvre Girafe de Troie est à la fois une entreprise astucieuse et une monumentale sculpture de bois dont la forme, élancée et séduisante, est construite de petites ruses esthétiques. Cet objet sculptural, installé au zoo, sur le site des girafes, telle une sentinelle énigmatique qui impose sa présence et pique la curiosité des visiteurs, propose une expérience sensorielle et ludique inattendue, par ses diverses composantes et textures. Le visiteur pourra la toucher, l’explorer, à l’extérieur comme à l’intérieur…
Mais la Girafe de Troie nous interpelle aussi autrement. La dualité entre l’intelligence rusée et l’intelligence raisonnée a été l’objet de réflexions philosophiques et scientifiques depuis Aristote, ainsi que de nombreux contes, mythes et légendes. L’archétype de la ruse n’élève-t-il pas l’imagination, la mémoire, la capacité de prévoyance, l’inventivité et l’intelligence des situations au rang de qualités qui, tout comme l’intelligence raisonnée, participent de l’évolution de l’humanité ? Détourner le sens d’un objet, se jouer de la vigilance par l’inattendu, déjouer les routines intellectuelles et les procédures de pensée habituelles ne sont-elles pas autant d’habiletés qui permettent, en quelque sorte, de préserver ou de créer des espaces de liberté ?
Le Zoo de Granby a accueilli ce projet d’art actuel dans le cadre de « 2010 : Année internationale de la biodiversité »
L’envers de l’endroit – Résidences d’artistes [2008-2012], 4 min 8 s.
Médiagraphie
À venir
Ani Deschênes crée des œuvres alliant diverses approches, sculpturale, installative et relationnelle. Avec humour et ludisme, elle s’inspire des liens que tissent les êtres entre eux et privilégie, depuis quelques années, une exploration basée sur l’observation des rapports entre les humains et les animaux. Titulaire d’un baccalauréat en arts visuels de l’Université du Québec à Montréal, elle est engagée dans sa pratique artistique depuis 1996 et poursuit une carrière en enseignement. Son travail a été présenté dans le contexte de divers événements et expositions individuelles et collectives. Parmi les plus récents, citons sa participation aux événements Espace blanc 3: les polarités, (Caravansérail, Rimouski, 2008), Biennale nationale de sculpture contemporaine (Galerie d’art du Parc, Trois-Rivières, 2006), Artefact 2004, triennale de sculptures urbaines (Montréal, Centre de diffusion 3D, 2004) et l’exposition solo Animal de jardin au Centre d’exposition en art actuel Plein sud (Longueuil, 2004). Ani Deschênes vit et travaille à Boucherville.
Séjour de prospection
02 au 06 février 2009
Séjour de coproduction
17 mai au 14 juin 2010
Sculpture infiltrante
19 juin au 31 octobre 2010
Lieu : Zoo de Granbyù
525 rue St-Hubert, Granby (Québec)
Localisation : le «lodge», près des girafes
zoodegranby.com
Lancement
Samedi 19 juin à 13 h 30
Sous la présidence d’honneur de
Monsieur Richard Goulet, maire de Granby
Danyèle Alain, direction générale et artistique / Yves Gendreau, direction technique et administrative / Patrick Beaulieu, soutien aux artistes et communication / Cloé Alain, assistance à la coordination / Stéphanie Lagueux, infographie et site web.
Caroline Boileau, Murielle Dupuis-Larose, Julie Bélisle, Gilles Prince, Aline Poulin.
Zoo de Granby, Patrick Paré, Catherine Page et Michel Jutras; Jean Thériault, Dominique Lafrance et Richard Racine (Société d’histoire de la Haute-Yamaska).
Conseil des arts et des lettres du Québec, Conseil des Arts du Canada, CHASCO et député François Bonnardel.
Sauf mention © Ani Deschênes et 3e impérial, centre d’essai en art actuel, 2009-2010. Photos : Artiste, Francis Turgeon et 3e impérial.