L’Art et l’eau
Projet collectif
S’exposer c’est se mouiller…
Parmi les événements qui ponctuent le parcours du 3e impérial, l’événement L’Art et l’eau, un symposium de sculptures et d’installations in situ sur le lac Boivin, a confirmé dès ses débuts l’approche visionnaire et novatrice du collectif. Réalisé en 1988, L’Art et l’eau, une idée originale du sculpteur Yves Gendreau, a marqué l’histoire des symposiums d’art au Québec, en offrant à des artistes un tremplin d’expérimentation unique et aux publics un contexte d’exposition inédit dans le champ des arts visuels. Six artistes y ont créé des œuvres audacieuses et originales, conçues pour être présentées dans et sur l’eau du lac Boivin pendant tout un été.
Caractéristiques du site d’exposition :
– La profondeur du lac est de deux à trois pieds en moyenne. Le fond est vaseux.
– Les vents dominants viennent du Sud-Est.
– Le lac a un léger courant vers le sud.
– La vague ne devrait pas dépasser un pied par très grand vent.
– Le public fait face à l’est sur le bord du lac pour apprécier les œuvres.
Programme
Danyèle Alain (Granby) – Les huttes (bois, toile, acrylique)
La forme des structures rappelle une habitation primitive, exigüe, un esprit du rituel, du mystérieux. Leur mouvement et leur relation avec l’eau leur sont donnés par le jeu des ondes lumineuses sur la couleur : la toile est traitée en alternance de surfaces opaques et transparentes. L’intérieur de chacune des trois huttes est peint en couleurs atmosphériques, chaudes et secrètes comme l’eau, alors que l’extérieur est sombre mais ponctué par des effets de transparence aux couleurs lumineuses. La nuit, des lampes suspendues à l’intérieur font briller les couleurs de manière presque phosphorescente et un aura de lumière se dessine tout autour de l’objet sur l’eau. Les huttes témoignent de notre existence corporelle et terrestre, appellent à la contemplation.
Robert Chicoine (Granby) – Or philos (bois, carton, ABS liquide)
Or philos explore le support (eau), sa surface, sa profondeur, l’espace au-dessus, sa réaction en tant que liquide, lieu, et la manifestation de l’objet, l’œuvre (vent, vague, environnement, etc). L’œuvre comprend plusieurs pièces. La structure d’un cube qui, visuellement, s’enfonce dans l’eau. Des petits carrés qui, fixés et libres sur la structure, se balancent au vent puis descendent flotter sur l’eau tout en décrivant des cercles comme ceux qui se forment après la chute d’un objet dans l’eau. Des brisures circulaires rappellent les ronds dans l’eau tout en suivant les formes du cube. Toutes ces pièces en plus de se lier par la couleur, soit au soleil, soit aux couleurs de la brunante, exploitent l’effet miroitant de l’eau.
Jacques Després (Montréal) – Archelyre (bois divers)
L’Archelyre est un instrument qui fait entendre le souffle imaginaire des brises légères. L’Archelyre est aussi le berceau du vent qui endort et apaise ses colères et ses tourments, c’est une sorte d’embarcation instrumentale jouant des airs qui s’accordent à la force et aux mouvements du vent. Le vent est ainsi le musicien de l’instrument, laissant la liberté d’exprimer la poésie des grands espaces où s’entend le sifflement et le vrombissement du vent sur l’eau. Cet instrument flottant entretient donc au vent des vibrations étranges qui évoquent des dimensions sono-visuelles encore inconnues. L’Archelyre est ainsi une sorte d’instrument d’incantation du vent.
Hannah Franklin (Montréal) – Un temps pour homme, un temps pour oiseau (fibre de verre, bois, carton)
L’œuvre décrit l’évolution du temps, l’impact de la civilisation sur la nature et le renouvellement continuel de la nature; l’oiseau immigrant, revenant et partant. L’homme qui fait sa marque sur la terre pendant son court séjour.
Yves Gendreau (Granby) – L’archipel (tourbe, terre, contreplaqué, polystyrène expansé et plastique)
L’île a ses représentations conscientes et inconscientes pour tout le monde. L’Archipel est un ensemble d’îles isolées, une représentation de l’individualité si populaire, une île mystérieuse, une île déserte où l’on se retrouve seul face à l’univers. L’île c’est l’opposition au lac. Le lac est un espace d’eau entouré de terre, l’île est un espace de terre entouré d’eau. L’Archipel suggère un jeu d’opposition : créer un réel fictif ou une fiction réelle.
Pierre Tardif (Granby) – Les baigneurs (verre)
Les baigneurs démontrent la relation de l’homme avec l’eau, source de sa survie, de connaissance et de plaisir. Les formes humaines qui composent l’œuvre sont découpées dans du verre teinté et translucide comme l’eau, rappelant que l’humain est en grande partie fait d’eau. Cette œuvre se veut douce, harmonieuse, non-violente et mystique.
Documentaire vidéo L’art et l’eau, réalisation Yves Gendreau.
Danyèle Alain
Robert Chicoine
Jacques Després
Hannah Franklin
Yves Gendreau
Pierre Tardif
L’Art et l’eau
Symposium de sculptures et d’installations sur le lac Boivin
Parc Daniel Johnson, Granby, Québec
21 juin au 21 août 1988
Idée originale : Yves Gendreau
Direction et coordination : Yves Gendreau
Captation et réalisation vidéo : Yves Gendreau
Photos : Paul Archer
Programme Exploration du Conseil des Arts du Canada, Ministère des affaires culturelles du Québec, Ville de Granby, Comité de la culture de Granby, Agropur, Loisirs de Granby, Gérald R. Scott, Les enseignes St-Onge Ltée, Centre de coordination économique Granby métropolitain.
3e impérial, centre d’essai en art actuel, sauf mention.