Sylvie Tourangeau en résidence – 19 au 29 février 2015
17 février 2015
Le temps libre, c’est peut-être toute l’activité ludique dont on le remplit, mais c’est d’abord la liberté de perdre son temps, de le « tuer » éventuellement, de le dépenser en pure perte.
Jean Baudrillard, La société de consommation, « Idées », Gallimard, 1970
Pour Sylvie Tourangeau, le Temps libre représente une question confrontante et un défi personnel qui la poussent au changement. Depuis l’automne 2013, dans le cadre d’une résidence de création au 3e impérial, elle a choisi d’explorer et de questionner cette notion de temps libre en s’investissant dans un processus de rencontres, de mises en situation et de présence performative. Établir un lien avec des inconnus, partager leur réel, en demeurant dans une écoute active, un temps présent, sans anticipation, sans volonté, sans attente et toujours prête.
En quoi consiste le fait d’avoir du temps libre? À pratiquer une activité sportive, culturelle ou de détente? À conserver un certain état d’esprit, à revenir à ce qui est vital pour soi ? Est-ce que le fait d’avoir du temps authentiquement libre constitue une impossibilité, un privilège réservé à certaines catégories de personnes ? Est-ce que le fait de personnaliser son temps libre peut être considéré comme une forme de résistance ou de survie face à l’accélération de nos modes de vie, ou même face à la mort qui peut advenir d’un instant à l’autre ? Peut-on postuler que le temps libre constitue la plus grande des richesses?
Pour approfondir sa réflexion, Sylvie Tourangeau crée diverses situations et suscite des dialogues. Aller à la rencontre des gens dans des lieux fréquentés que l’on associe à l’idée de temps libre : un salon de thé, des sentiers de marche; inviter les gens à la rencontrer dans son atelier pour explorer avec eux, de manière créative, leur façon de faire du temps libre; accompagner des gens au cœur de leur propre temps libre. Des récits, des gestes, des objets adviennent tout au long du processus, permettant d’opérer une canalisation symbolique du temps libre…
Ce projet se déroule dans le cadre d’une résidence de coproduction dédiée à la création et à la diffusion de l’art infiltrant et du cycle d’exploration La constellation des métiers bizarres. Il s’agit du quatrième séjour de l’artiste, le dernier aura lieu en mai 2015.
Active en art performance depuis 1978, Sylvie Tourangeau s’intéresse au déploiement de la conscience performative à travers des actions minimales qui amplifient la qualité de présence et personnifient le lien avec le spectateur. Performance, art relationnel, rituel de circonstance et animation d’atelier sont des pratiques dans lesquelles elle s’investit depuis près de 30 ans.
Sylvie Tourangeau a également collaboré à la réalisation de livres d’artiste et publié près d’une cinquantaine d’articles dans divers catalogues et revues d’art. En collaboration avec le collectif TouVA dont elle fait partie avec Anne Bérubé et Victoria Stanton, elle travaille présentement à la rédaction d’un ouvrage portant sur la pédagogie, le vocabulaire et la notion du performatif, thèmes qu’elle a développés depuis 1983. Elle détient une maîtrise en études des arts de l’Université du Québec à Montréal.