Nipishtanau Tshishtemau
(Je donne le tabac)

Sonia Robertson

Dans la grande salle de la galerie, des feuilles de tabac suspendues au plafond par des lianes de cuir forment une spirale.

Fiole contenant une fleur et des graines de tabac.

Mâchoire de bison, squelette et plumes de perdrix, suspendus au centre de la spirale.

Projections photographiques. Ici, une bobine en spirale — servant au développement de pellicule photo — abrite une série de diapositives. Un léger mouvement de rotation est naturellement créé par gravité.

Certains des objets placés devant des projecteurs et du verre, créent de la réfraction sur les murs.

Gésier de perdrix. «Avec ça, on fabriquait des hochets. Je n’ai rien mis à l’intérieur, ce qu’on voit c’est ce que l’oiseau a avalé» (Sonia Robertson).

Petite salle. Pousses de tabac et tabac blond haché sur terreau.

Carton d’invitation (recto) à la dernière exposition en galerie du 3e impérial en 1997, «Nipishtanau Tshishtemau (Je donne le tabac)» par Sonia Robertson.

Carton d’invitation (verso). La spirale créée en galerie se prolonge symboliquement dans la ville de Granby par le don de plants de tabac à la communauté, notamment à des retraité·es de l’Imperial Tobacco, ainsi que la plantation/dissémination dans les parcs publics.

12 septembre 2025, en route vers le site d’enregistrement du balado, en plein air, aux abords de la rivière Yamaska. La parole en nature, en écho au forum Culture/Culture (1995), événement annonciateur de la réorientation du 3e impérial qui délaissera définitivement la diffusion conventionnelle en salle en 1997 avec l’œuvre de Sonia Robertson.

L’équipe et l’auteur se prêtent au rituel proposé par l’artiste qui les invite à offrir le tabac à la rivière, comme le veut la tradition autochtone : «Nipishtanau Tshistemau» (Je donne le tabac, en innu-aimun).

«Wen’wa Tänonht» (Je donne le tabac, en wendat).

L’artiste Sonia Robertson avec Guy Sioui Durand Tsie8ei 8enho8en, complice du 3e impérial depuis le milieu des années 90, et Danyèle Alain, engagée dans la mission du 3e impérial depuis sa fondation en 1984.

Résidence — Artiste

En 1995, lors du Forum Culture/culture, le 3^e impérial annonçait un changement radical de son mandat : l’abandon d’une programmation en galerie et l’adoption d’un programme de résidences d’artistes privilégiant une approche contextuelle pour ancrer l’art dans l’espace quotidien, géographique et social. Pour marquer cette transition importante, Sonia Robertson fut invitée à concevoir une œuvre phare dans le contexte d’une résidence de création à l’hiver et au printemps 1997 : son installation Nipishtanau Tshishtemau (Je donne le tabac), qui fut la toute dernière présentation en galerie du 3^e impérial, s’est déployée hors-les-murs.

Vingt-huit années plus tard, en 2025, l’auteur Guy Sioui Durand Tsie8ei 8enho8en, qui avait suivi de près les séjours en résidence de l’artiste, a été invité à rédiger un essai, publié dans la collection Les carnets de l’art infiltrant sous le titre Nipishtanau Tshishtemau / Wen’wa Tänonht / Je donne le tabac. La publication imprimée de cet essai, le balado réunissant les témoignages de l’auteur et de l’artiste ainsi que le reportage photo présenté dans cette page constituent une archive renouvelée de leurs réalisations.

Ces trois documents ont été produits dans le contexte du projet Palimpseste : effets du temps et des célébrations du 40e anniversaire de fondation du 3e impérial.

L’INSTALLATION

Sonia Robertson, Nipishtanau Tshishtemau (Je donne le tabac), 1997
Des feuilles de tabac suspendues au plafond par des lianes de cuir forment une spirale. Des artéfacts symboliques sont attachés à certains bouquets : l’os de la mâchoire d’un bison, le squelette, le gésier et les plumes d’une perdrix. Des projections d’images s’y superposent, créant des jeux d’ombre et de lumière. Une fumée odorante ondule dans l’espace. Dans une plus petite salle contiguë où poussent des semis de tabac dans un bac sous les néons, le sol est couvert de terre noire et de tabac blond haché. Un son d’eau familier s’entend. Depuis la fenêtre qui donne sur la rivière, un micro capte son murmure en temps réel. Après la durée de l’exposition, les pousses de tabac seront transplantées dans divers lieux et parcs de la ville de Granby, formant une constellation spiralée sur la carte du territoire.

LE BALADO — en ligne à partir du 8 novembre

Nipishtanau Tshishtemau / Wen’wa Tänonht / Je donne le tabac, 2025
Complément à l’essai de Guy Sioui Durand Tsie8ei 8enho8en publié dans la collection Les carnets de l’art infiltrant et portant le même titre.

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Conversation entre Sonia Robertson, Guy Sioui Durand Tsie8ei 8enho8en et l’équipe de codirection du 3^e impérial (Danyèle Alain et Marie-Claude De Souza) autour de l’œuvre Nipishtanau Tshishtemau (Je donne le tabac), le 12 septembre 2025, aux abords de la rivière Yamaska. « Parce que, “dire dehors” c’est se placer en dehors des moules de construction des sociétés. » – Guy Sioui Durand Tsie8ei 8enho8en

Durée : 49 min 14 s

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Entretien entre Guy Sioui Durand Tsie8ei 8enho8en et l’équipe de codirection du 3^e impérial. L’auteur raconte la petite histoire de l’essai Nipishtanau Tshishtemau / Wen’wa Tänonht / Je donne le tabac avant qu’il ne soit publié en 2025. En 1997, une première réflexion critique autour de l’œuvre Nipishtanau Tshishtemau (Je donne le tabac), écrite à la demande d’une revue d’art n’avait pas été publiée. Portée par ce premier texte, la réflexion de l’auteur a circulé et évolué à travers l’oralité. Vingt-huit ans plus tard, sa forme écrite se réactualise et se conjugue à l’oralité, reliant l’œuvre de Sonia Robertson aux fils d’événements politiques et sociaux plus récents.

Durée : 14 min 50 s

Médiagraphie

Bouchard, Jacqueline. « Le voyage de Sonia Robertson : un territoire pour une histoire ». Recherches amérindiennes au Québec, volume 33, numéro 3, p. 45-54.
Charce, Chloë. « Entre-deux mondes : métissage, identité et histoire sur les traces de Sonia Robertson, Sylvie Paré et Rebecca Belmore, ou, Les parcours artistiques de trois femmes artistes autochtones, entre la mémoire et l’audace ». Mémoire de M.A. Université du Québec à Montréal, 2008.
Charce, Chloë. « Les “passeurs” des réserves vers les villes. Deux trajectoires d’artistes amérindiennes : Sonia Robertson et Rebecca Belmore ». Inter Art actuel, no 104, 2010, p. 52-57.
De Lacroix, Pricile. « Exposer, diffuser, faire entendre sa voix : Présence de l’art contemporain autochtone au Québec entre 1967 et 2013 ». Mémoire de M.A. Université du Québec à Montréal, 2012.
Normand, Anne. « Elle donne le tabac ». La Voix de l’Est, 22 mars 1997, p. 60-61.
Vigneault, Louise. « Zacharie Vincent et ses héritiers ». Inter Art actuel, no 122, hiver 2016, p. 34-37.
Vigneault, Louise. « Repenser le temps et l’espace, du wampum au selfie ». Racar : Revue d’art canadienne, volume 42, no 2, 2017, p. 87-99.

Sonia Robertson est une artiste Ilnu de Mashteuiatsh, art-thérapeute, commissaire et entrepreneure. Sa démarche de création inclut l’image photographique et vidéographique, le son, le texte, l’installation et la performance in situ. Elle puise dans la spiritualité et la mémoire collective autochtone pour créer des espaces oniriques et métaphoriques porteurs de guérison. Ses œuvres ont été présentées au Québec, à travers le Canada ainsi qu’en France, en Haïti, au Mexique et au Japon. À titre de commissaire, elle réalisait en 2021-2022 Eshi uapatika ishkueuatsh tshitassinu / Regard de femmes sur le territoire au centre d’artistes le LOBE (Chicoutimi, Québec). Elle est impliquée dans sa communauté pour la sauvegarde des savoirs et connaissances des ainé·es et surtout pour rendre l’art accessible à tous. Elle est co-fondatrice de plusieurs organismes et événements dont Kamishkak’Arts (Fondation Diane Robertson) qui soutient les artistes et favorise l’art comme levier social, les Ateliers d’artistes Tout-Tout, le Parc-sacré / Kanatukuliuetsh uapikun qui œuvre à la sauvegarde et à la transmission des savoirs des Pekuakamiulnuatsh sur les plantes et le Festival de contes et légendes, Atalukan.

puamuna.com

Séjours de création
Hiver et printemps 1997

Enregistrement du balado
11 et 12 septembre 2025

1997

Vernissage : 16 mars à 15 h
Conférence/Harangue de Guy Sioui Durand
Exposition en galerie : 16 mars au 19 avril
Intervention dans la ville de Granby : printemps à automne 1997

2025

Événement Palimpseste : effets du temps

Lancement de la publication Nipishtanau Tshishtemau / Wen’wa Tänonht / Je donne le tabac
Performance de Sonia Robertson
Harangue performée de Guy Sioui Durand
Samedi 08 novembre 2025 à 15 h
Lieu : 164, rue Cowie, Granby (Québec), 3^e étage

2025
Danyèle Alain, Direction générale et artistique / Marie-Claude De Souza, direction artistique et production / Estela López Solís, communication / Kéno Beauregard, soutien à la production et à la coordination / Swann Bertholin, soutien technique / Stéphanie Lagueux, webmestre / Catherine Bélanger, stagiaire.

Le projet Palimpseste : effets du temps a reçu un appui financier dans le cadre d’une entente de partenariat entre le Conseil des arts et des lettres du Québec et le Gouvernement du Québec, la MRC La Haute-Yamaska, la MRC Coaticook, la MRC du Granit, la MRC Memphrémagog, la MRC des Sources, la MRC du Val-Saint-François, la MRC du Haut-Saint-François, la Ville de Sherbrooke, le CLD Brome-Missisquoi, la Table des MRC de l’Estrie, le Conseil de la Culture de l’Estrie.

Le 3^e impérial, centre d’essai en art actuel est soutenu par le Conseil des arts et des lettres du Québec, le Conseil des arts du Canada et la Ville de Granby.

Sauf mention © Sonia Robertson et 3^e impérial, centre d’essai en art actuel, 1997 et 2025. Photos 1997 : Danielle Binet.

Nipishtanau Tshishtemau /
Wen’wa Tänonht /
Je donne le tabac