Patrick Beaulieu
Patrick Beaulieu observe par diverses manipulations les déplacements de lieu, de forme et de sens imprégnant le paysage. Il mène des actions qui influent sur la nature de l’objet en migration et qui en éprouvent la fragilité. À ce titre, le projet La Patrie réalisé entre 2000 et 2002 en est un exemple audacieux. Celui-ci consistait à transplanter une épinette de 15 mètres extraite de sa forêt sur le site du complexe environnemental Saint-Michel à Montréal, puis d’exporter son rejeton, à racines nues, au Plastic Kinetic Worms art center à Singapour.
Les interventions de Patrick Beaulieu, par le biais d’objets sculpturaux et de lumières projetées, rendent compte de la présence des traces de l’homme dans la nature et de celles, plus émotives, de la nature chez l’homme. Ce sont des actions dont la mise en scène évoque une déportation de fragments de l’intime dans les grands espaces. Pour révéler l’ampleur du territoire concerné il en documente l’exécution monumentale. Ainsi, tous les repères sensibles se retranchent derrière l’utilisation de supports photo et vidéo qui font partie intégrante de l’œuvre. Le résultat se décline comme autant de traces témoins qui mesurent l’étendue de ce qui sombre et l’ampleur de ce qui vient. Ces propositions révèlent un dialogue entre objets et images du dehors dans lequel une condensation poétique incite à expérimenter l’œuvre tant du point de vue de sa profondeur (espace), de sa surface (étendue), que de son histoire dévoilée. La subtile, voire fragile, relation entre lieux réels et lieux fictifs invite à une lente transgression d’un monde à l’autre où des arbres, travaillés de lumières, traversent les salles d’exposition et où les murs et écrans s’érigent autour des champs.
Parmi les réalisations de Patrick Beaulieu, citons La Battue, dans le cadre de ALICA, qu’a produit le 3e impérial, centre d’essai en art actuel (2001), Flag Project, lors de la Gwangjiu Biennale (Corée, 2002), Les arbres nus à la Maison de la Culture Côte-des-Neiges (Montréal, 2002) et Samare à la Fonderie Darling (Ultra vide, Montréal, 2002). Il a également présenté son travail au Festival de Arte Visual de Morelia et à l’ENAP de l’Université Nationale Autonome du Mexique (Mexico, 2003), ainsi qu’à l’événement Cohabitations : commune mesure ?, produit par AxeNéo7 (Hull, 2004). Il prépare présentement un projet sur l’effritement du paysage qu’il déploiera chez CIRCA à Montréal en octobre 2004 ainsi qu’au Observatorio Centro Experimental au Mexique et au Experimental Intermedia en Belgique, en 2005.