Instants ruraux

Forum Instants ruraux
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Forum public

Cultiver l’art-champ comme vocation d’une espèce vulnérable
Ronald Richard

Entre la cité et la forêt, il y a le forum1

Parce qu’elle active, plus que le paysage, c’est la piste qui nous intéresse… Le forum Instants ruraux propose une journée de réflexion et d’actions sur la dissémination de l’art actuel afin d’interroger l’espace de la néoruralité. Cet événement public engage la vivacité des démarches artistiques en des zones qui débordent du sens commun attaché à l’idée de la Cité, car la ruralité en semble exclue.

L’art est un enjeu valable du développement rural. Outil de recherche et d’innovation, l’art marque le territoire comme activité spécifique. Par-delà la rationalité économique, les impératifs écologiques, l’exclusion issue des notions d’esthétisme désuètes et inertes et le silence des médias, les pratiques actuelles de l’art résistent et persistent. Pour prendre position, l’art tisse des liens avec les autres secteurs d’activité et de développement.

[1] À propos du sens de forum : […] Au Moyen Âge, dès l’époque franque on distinguait la forêt proche de la forêt lointaine. Seule la première était exploitée, […] mais la forêt lointaine restait déserte […] . Le mot « forestis » […] n’apparaît que dans la loi des Longobards et les Capitulaires de Charlemagne, c’était au sens propre la forêt royale. On a supposé qu’il provenait de forum, au sens de tribunal, […] ; il peut également provenir du latin « foris », […] au-dehors […]. Remarquons que les deux étymologies possibles de forêt, entre lesquelles hésitent les linguistes, n’en font en réalité qu’une seule, le forum, désignant en latin d’abord ce qui se trouvait devant la porte de la maison, l’enclos qui l’entourait, la cour, avant de signifier la place du marché, puis l’endroit où l’on rendait la justice. Jacques Brosse, Mythologie des arbres, Petite Bibliothèque Payot, 1993.

 

AVEC

3e impérial (collectif) — La levée du pylône
Bruno Jean, sociologue — Art et ruralité : une réciprocité méconnue
Martin PoirierHydro-Québec : finance, politique et démocratie
Guy Sioui Durand, sociologue de l’art — Le miel de l’utopie
André Brunet, maire d’Amos — Un constat des milieux
Sylvie Tourangeau, artiste — Laissez-moi mon futur : la notion de connexion avec des réseaux autres que ceux de l’art
Doyon/Demers, duo d’artistes — Une légitimation théorique de l’acte artistique à défaut d’une intégration à la dimension sociale
Philippe Côté, artiste — Résultats d’une enquête sur la ruralité
Ronald Richard, artiste — Front d’onde : zonage culturel
James Partaik et David Michaud (Avatar), avec Diane Morin, artistes — Il y a en effet quelque chose, œuvre sonore
Massimo Guerrera, artiste — Kiosque pour Monument en l’honneur des premiers producteurs de nourritures terrestres
Sylvie Cotton, artiste et animatrice du forum

 

 

COMPTE-RENDU

Vers quoi tend la ruralité ?Philippe Côté

Le paysage rural se défait et se recompose sous nos yeux. Que faut-il faire ? Selon Bruno Jean, conférencier invité au forum : l’agriculture traditionnelle n’étant plus, de nos jours, dominante dans l’espace rural. Les activités d’exploitation qui marquent l’espace rural deviennent démesurées : foresterie, agriculture, pêche, chasse, villégiature, infrastructure de transport, d’énergie et de loisir. Sous la pression du système économique qui implose globalement, la majorité des exploitations rurales s’industrialisent. Par rapport aux territoires ruraux, il en résulte un désengagement, car les relations aux ressources environnantes relèvent de fonctions qui leurs sont désormais extérieures.

La ruralité comme la maritimité sont encore caractérisées par la faible densité d’occupation et par l’isolement réel ou supposé de ses habitants. Étrangement opposée au monde de l’urbanité car décrite encore par son éloignement géographique des centres de décision et de diffusion du savoir, la ruralité se distinguerait par son exclusion de la Cité. Pourtant le développement incessant des technologies de communication et de transport modifie radicalement les sentiments d’exclusion et les possibilités d’actions auxquels les habitants se référaient il y a peu de temps. Il faut interroger les instances de légitimation de l’art actuel (revues, musées d’art, etc.) qui fonctionnent avec des critères basés sur un mode de reconnaissance territoriale désuet. Car en ces lieux, il est étonnant de supposer qu’il ne se fait pas d’art actuel en région rurale! Or, les temps changent, comme disait l’autre.

Néoruralité : dénégation du patrimoine physique et humain; transformation de l’agriculture familiale en industrie à forte capitalisation; biopolitique des technologies du vivant; domestication accélérée et ruine de la nature; conflits d’usages et environnementaux causés par la migration citadine. Par-delà la rationalité économique, le gigantisme des infrastructures, les impératifs écologiques, l’exclusion culturelle issue de notions esthétiques désuètes, inertes; puis le silence des médias… L’art de recherche et d’innovation marque et occupe le territoire de la nouvelle ruralité.

Le miel de l’utopieGuy Sioui Durand

Guy Sioui Durand postule une dynamique de la nouvelle ruralité en tant que réservoir d’énergie pour l’imaginaire. Aux confins de la transformation inexorable de tous les continents par l’industrialisation/urbanisation, certaines sensibilités et expérimentations sont remarquables d’audace. Que ce soit du côté des sculptures sociales, dans l’esprit de la fameuse Pompe à Miel de Joseph Beuys en action à la Dokumenta de Cassel (1977), de l’aventure de l’art environnemental dans les régions québécoises, allant des expéditions Art/Aventure (Boréal art/nature) en passant par des Symposiums (Art et Nature, Le Bic 1995) ou des récents projets paysagistes dont certains controversés (projet Saint-Jean-du-Millénaire à L’Anse-St-Jean), différentes pratiques nourrissent et questionnent le phénomène par la création. Lorsque cet art actuel est repositionné parmi les visions de civilisations millénaires – pensons aux approches amérindiennes (le respect de la Terre-Mère) et orientales (l’esprit des jardins zen, l’art chinois des penjings), la réflexion ne peut qu’amplifier les échanges.

On peut penser que, pour quelques instants ruraux, dans une région où se produit un des premiers hydromels de terroir du Québec, on goûtera intellectuellement au… miel de l’utopie.

Extrait du documentaire vidéo 3e impérial : des Instants ruraux à Supra rural – Résidences d’artistes et forum [1997-2002], réalisation Suzanne Joly, 2005.

MÉDIAGRAPHIE

À venir

Artistes et communicateur·trice·s
3e impérial (collectif)
Bruno Jean, sociologue
Martin Poirier
Guy Sioui Durand
André Brunet
Sylvie Tourangeau
Doyon/Demers
Philippe Côté
Ronald & Richard
James Partaik et David Michaud (Avatar), avec Diane Morin
Massimo Guerrera
Sylvie Cotton

Forum Instants ruraux
2119 route 139 Nord, Roxton-Pond (Québec)
Sur le site de l’érablière La Cabane Familiale
Samedi 30 mai 1998

Production du forum
Idéation/conception : Danyèle Alain, Philippe Côté, Yves Gendreau, Ronald & Richard.
Coordination : Danyèle Alain.
Logistique et direction technique : Yves Gendreau.

3e impérial, centre d’essai en art actuel, sauf mention.