Les coursières de l’Outlet Road
Mélanie Binette et Karine Galarneau































































Résidence — Artiste
Ce projet a été réalisé dans le contexte d’une résidence de coproduction en art infiltrant, de mai 2019 à décembre 2020.
Le projet est associé à la résidence d’auteur et chercheur de Jonathan Lamy.
De 1823 à 1867, l’Outlet Road (aujourd’hui Route 112) reliait Montréal à la frontière américaine. Sur ce trajet, les diligences express tirées par des chevaux, transportant du courrier et des passagers, atteignaient des sommets de vitesse. Au même moment, l’organisation du courrier postal, local et international, se mettait en place, favorisant un accroissement de la pratique des lettres et cartes postales. Puis, l’apparition d’Internet au 20e siècle marque un changement profond des moyens de communication. La correspondance timbrée s’estompe, laissant place à la rapidité et à la brièveté des échanges à travers les courriels et réseaux sociaux numériques.
En concevant le projet Les coursières de l’Outlet Road, Mélanie Binette et Karine Galarneau se sont donné pour défi de remettre au goût du jour un lien de correspondance sensible et vivant qui incite à la réflexion sur notre rapport au temps. Le projet repose sur le croisement intergénérationnel de travailleur·e·s actif·ve·s et d’ainé·e·s retraité·e·s engagé·e·s dans une correspondance de cartes postales orchestrée par les artistes.
Notre projet fait la promotion du « slow communication », un mouvement qui prône le ralentissement du rythme avec lequel nous échangeons et entrons en contact avec de l’information. Un tweet contient un maximum de 280 caractères et se retweet en une fraction de seconde; une lettre peut prendre des semaines à rédiger si on y met du coeur.
Les travailleur·e·s ciblé·e·s ayant en commun que leurs lieux de travail respectifs se trouvent sous le toit d’une ancienne usine du 19e siècle, tous les participant·e·s vivant dans la même localité et enfin, la divergence temporelle de leur profil générationnel sont des éléments qui présageaient un potentiel stimulant pour les sujets de conversation et la réflexion sur le temps, dans la correspondance à venir. Les participants ont été jumelés, un·e travailleur·e/un ainé·e, à partir d’affinités émergées lors des premières rencontres ou ateliers offerts par les artistes, d’une part dans un espace de l’usine, d’autre part à la résidence des ainé·e·s.
Pour nourrir la démarche, les artistes ont mené une recherche sur la poste rurale et la figure du Maître de poste d’hier à aujourd’hui. Dans l’atelier du 3e impérial, un travail de création s’est déployé, une trame performative s’est activée. Les artistes ont réalisé une série d’aquarelles inspirées par l’histoire de la poste, les paysages locaux, les scènes de la vie quotidienne; ces travaux ont servi à la réalisation de cartes postales et de cartes de Noël destinées à être utilisées par les participants pour leurs correspondances. Incarnant le rôle des coursières, les artistes se sont créé un costume, un logotype et une estampe, elles ont bricolé un chariot de tri ambulant monté sur les roues d’un ancien carrosse pour enfant qui a servi à la distribution personnalisée des missives échangées entre les participants.
Assemblage performatif et ludique, l’ensemble des actions menées au fil du projet réactive dans l’imaginaire les dimensions physiques du territoire et de la distance à parcourir pour livrer un message. Conjuguées à l’attention bienveillante des coursières, prodiguée tout au long du projet à leurs protagonistes, ces actions agissent tel un déclencheur de mémoire et un activateur de connexion sociale.
À venir : documentaire vidéo
Médiagraphie
À venir
Mélanie Binette, artiste, performeuse et chercheuse et Karine Galarneau, scénographe, sont issues du milieu du théâtre. Elles ont en commun une pratique interdisciplinaire et une volonté de créer des modèles d’intervention artistique où le public peut manifester son agentivité et poursuivre une réflexion critique. Leur parcours comprend des projets relationnels, des installations participatives et des performances. Elles font partie du collectif de création Le Milieu de Nulle Part qui se définit par son approche in situ et in socius en explorant la force des rassemblements communautaires combinée au pouvoir de connecter les gens à leur environnement.
Séjour de prospection
03 au 07 juin 2019
Séjours de coproduction
03 au 12 décembre 2019
27 janvier au 02 février 2020
30 mars au 05 avril 2020 – reporté
5 au 14 octobre 2020
30 novembre au 05 décembre 2020