mouvoir la fracture

Gabrielle Poulin

Dépouille animale trouvée en bord de route, naturalisée après qu’une conductrice l’ait offerte au taxidermiste.
Cartographie commémorative sur le site web du projet : mouvoirlafractue.com.
Photo : Gabrielle Poulin.
Atelier de performance pour des écoliers sur le thème du deuil avec l’artiste Gabrielle Poulin.
Témoignage sur mouvoirlafracture.com.
Témoignage sur mouvoirlafracture.com.
Rencontre publique, performance déambulatoire prenant la forme d’un «gestier» commémoratif, cimetière Pinewood, Granby, Québec.
Livret «mouvoir la fracture», créé par l'artiste à partir de témoignages reçus et de ses propres réflexions. La performance était ponctuée par ce récit, lu à haute voix.

Résidence — Artiste

Ce projet a été réalisé dans le contexte d’une résidence de coproduction en art infiltrant d’août 2021 à avril 2023.

Le projet est associé à la résidence d’auteur et chercheur de Sophie Le-Phat Ho.

Il m’arrive régulièrement de prendre la route. Je l’emprunte pour les activités du quotidien et pour aller profiter de la nature. Sortir, prendre l’air. Comme pour ouvrir les valves d’un stress citadin asphyxiant. Cependant, il réside en ces évasions une funèbre dichotomie. En effet, sur la route, se trouve sans cesse la mort : ratons laveurs, porcs-épics, marmottes, mouffettes, taupes, oiseaux et autres. Ces violences parsèment le chemin tout en menant vers des lieux amènes, voire sublimes. C’est ainsi qu’en quête de reconnexion, une déconnexion s’amorce. Au volant, en route vers un horizon plus vert, je suis sans cesse témoin de mon propre sillage perturbateur. Gabrielle Poulin

Touchée par les répercussions qu’entraîne la fracture du territoire sur les habitats et les déplacements de la faune et par l’augmentation croissante d’animaux morts sur les routes, Gabrielle Poulin a créé le projet mouvoir la fracture. Fondé sur un désir de réconciliation et misant sur l’empathie, son projet constitue à la fois un rite, un manifeste et une performance. Il se compose d’actions qui se déploient sur le territoire, dans la communauté et sur le web, et qui sont reliées pour contribuer à fracturer la mouvance et commémorer la fracture. En d’autres termes, retourner l’effet pervers de la vitesse engendré par la circulation et le transport routier en se donnant le temps de porter une attention bienveillante aux vies animales perdues et laissées pour compte.

Arpentant des routes passantes à vélo, en voiture ou à pied, l’artiste se met en quête de dépouilles auprès desquelles, pour un bref instant, un geste commémoratif est improvisé et accompagné de la plantation symbolique et éphémère d’un petit drapeau blanc brodé à la main. Ces gestes relèvent de l’intime et du furtif et se présentent comme des offrandes tout en suscitant occasionnellement des rencontres avec des gens qui habitent près des sites d’intervention. Sur chaque drapeau sont discrètement brodés des mots extraits de conversations ainsi que des points et lignes représentant la localisation cartographique des sites. Le choix du médium de la broderie appuie concrètement l’acte de « prendre soin » qui est au cœur du projet. Chaque drapeau est fabriqué avec un tissu blanc chatoyant et brodé de fil blanc, en référence au symbole de paix universel. Ce drapeau commémoratif contribue à suggérer métaphoriquement un cessez-le-feu.

Pour étendre le projet à un plus vaste territoire et avec l’espoir de générer un mouvement collectif, Gabrielle Poulin crée une cartographie commémorative et participative sur le web et lance un appel à participation. D’une part, elle-même y dépose les points de géolocalisation et le témoignage de ses interventions. D’autre part, elle invite les gens à y signaler les dépouilles animales aperçues sur la chaussée, aux abords des routes ou dans les fossés, et à partager leurs observations et leurs récits.

Au cours de ses séjours en résidence, Gabrielle Poulin est allée à la rencontre de personnes pour s’ouvrir à leur savoir-faire, à leur rapport à la vie animale ou à leur expérience du deuil. Elle a rencontré un taxidermiste, participé à une séance de broderie avec le Cercle des fermières. Avec l’aide d’une animatrice à la vie spirituelle et culturelle, elle a conçu un atelier de performance pour des écoliers. Elle a progressivement constitué un « gestier » commémoratif auquel elle puisera pour créer une dernière intervention et célébrer les liens fondamentaux qui unissent animaux humains et non-humains. Cette fois, le public y est convié.

À venir : documentaire vidéo

Médiagraphie

À venir

Gabrielle Poulin est une artiste multidisciplinaire dont le travail est partagé entre la pratique de la performance et le métier de comédienne. Sa démarche aborde les relations aux animaux non-humains comme tremplin pour parler de collectivité, d’amour et de résilience. Elle est diplômée en interprétation à l’École nationale de théâtre du Canada (2017) et cumule diverses formations (traitement d’image, herboristerie, techniques de jeu, etc.). Ses performances ont été présentées à la Fonderie Darling (Montréal) et in situ dans divers contextes urbains.

gabriellepoulin.com

Séjour de prospection
23 au 27 août 2021

Séjours de coproduction
18 au 27 octobre 2021
19 au 28 avril 2022
26 octobre au 04 novembre 2022
24 au 29 avril 2023

Rencontre avec l’artiste
Performance et installation in situ

Samedi 29 avril 2023, 14 h

Lieu : rendez-vous à la Ferme Héritage Miner
100, rue Mountain, Granby (Québec)
Marche vers le cimetière Pinewood

Danyèle Alain, direction générale et artistique / Marie-Claude De Souza, direction de la production et coordination / Estela López Solís, communication / Mélanie Binette, production / Kéno Beauregard, assistance à la production et à la coordination / Swann Bertholin, soutien technique / Stéphanie Lagueux, webmestre.

Guillaume Boudrias-Plouffe, Romeo Gongora, Michèle LeBlanc, Maria Hoyos, Dominic Marcil, Mikis Allyson Jean-Hébert.

Toutes les personnes rencontrées sur les routes arpentées par l’artiste, dont Carmen, Delphine, Geneviève, Guylaine, Julien, Line, Marie-Josée et Gaétan, Michel, Nathalie, Sylvie, Caroline, Éric, Daniel; Mario Brien, taxidermiste et Denis le trappeur; les personnes ayant contribué aux signalements en ligne; celles rencontrées sur les sentiers des Boisés Miner; Judith Cusson, Sandra Simard, sa classe de 6e année et la direction de l’école du Phénix; Cercle de Fermières Sainte-Famille-de-Granby, Société d’histoire de la Haute-Yamaska, Cimetière Pinewood, Révérend David Fine. Caroline Boileau et son groupe de discussion, Maxence Gras, Fanny Brossard-Charbonneau, Rosalie Ladouceur, Fanny Fortin-Dellemare, Chloë Baril-Chassé.

Conseil des arts et des lettres du Québec, Conseil des arts du Canada, Ville de Granby.

Sauf mention © Gabrielle Poulin et 3e impérial, centre d’essai en art actuel, 2021-2023.

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