Projet Lampyridae
Ézéchiël Nadeau













































































Résidence — Artiste
Ce projet a été réalisé dans le contexte d’une résidence de coproduction en art infiltrant, de mars 2023 à août 2024.
Le projet est associé à la résidence d’auteur et chercheur de Sophie Le-Phat Ho.
Projet Lampyridae fait référence aux lucioles, ces porteuses de lanternes qui, grâce à la bioluminescence, communiquent entre elles en émettant de la lumière. Inspiré de l’esthétique de la contreculture et des luttes sociales, Projet Lampyridae constitue une quête d’émancipation et un manifeste à l’épreuve de l’homogénéisation du monde. Embrassant l’utopie comme attitude et acte de résistance, Ézéchiël Nadeau explore les territoires actuels et l’histoire occulte de la communauté locale LGBTQ+ pour émettre, dans la pluralité du tissu social, des signaux poétiques et révéler, à intensités variables, des réalités, des tensions, des récits.
La performativité est le moteur principal de cette quête-manifeste. Manœuvrant dans l’impromptu de ses découvertes, l’artiste concrétise cette performativité dans une forme conjuguant les actions in situ ou in socius et la fabrication de zines. Le zine, ayant ici le statut d’auto-documentation de ses actions, sert de point de chute au dessin, à l’écriture, au détournement de propos transphobes et à l’humour. Il est aussi le vecteur d’une dissémination activée par la distribution spontanée d’exemplaires papier, réalisée à petite échelle.
Mots-clefs : apparition/disparition/spectres/DIY/marge/non-binarisme/je suis sexy donc je suis
(extrait du site web de l’artiste)
Porté par le désir de tisser des liens, de rassembler, de (se) manifester, d’exister ensemble, l’artiste utilise la marche et les rencontres comme stratégies de mise en œuvre. Un corpus audacieux de micro-interventions en émerge. En voici quelques fragments.
Dans les archives de la Société d’histoire, des coupures de journaux des années 1950 relatent une sinistre arrestation de jeunes hommes accusés d’homosexualité. L’arrestation par l’escouade des crimes contre nature a eu lieu dans un gymnase dont le bâtiment est toujours existant. L’artiste convoque une marche et déploie un geste symbolique à cet endroit. Se tournant vers des groupes communautaires dédiés à la cause LGBTQ+, il organise la tenue de discussions et d’un atelier de création de zines, les engageant à y exposer leurs points de vue. Autre part, n’hésitant pas à mettre en jeu sa propre vulnérabilité, Ézéchiël Nadeau repère et fouille d’anciens lieux de drague clandestins dans des boisés où il s’active à bricoler des artéfacts trouvés, à chorégraphier des gestes performatifs. Sur le web, il détourne des applications de rencontre pour susciter des rendez-vous; ce faisant, il injecte de la sociabilité là où on ne l’attend pas. Il lance une invitation à un 5 à 7 dans le studio de sa résidence d’artiste, s’introduit dans des soirées micro-ouvert où il performe la lecture de ses zines. Pour générer un partage intergénérationnel, il réalise des entretiens avec une militante transgenre. À même le bitume d’un stationnement, il improvise une performance où il dessine à la craie le contour de son corps; à l’intérieur il inscrit Site de rencontre.
A l’instar de ces sentiers nommés lignes de désir, qui se dessinent dans la marge et hors des circuits « officiels » au gré des passages répétés de piétons, les actions déployées par Ézéchiël Nadeau tracent les lignes d’un chemin de désirs singulier, suggérant l’alternative d’une utopie émancipatrice en actes et en transformation continue.
Médiagraphie
À venir
Ézéchiel Nadeau est un artiste interdisciplinaire. Sa pratique inclut la performance, la sculpture, le dessin et l’écriture. Il privilégie la cueillette effrénée, l’accumulation précautionneuse et l’assemblage conceptuel douteux pour produire des expériences esthétiques. En produisant ces amalgames touffus et fragmentés, il tente de sédimenter un savoir qui lui est occulte tout en l’érodant simultanément, pour en maintenir paradoxalement l’opacité. En 2022, il a obtenu un Baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’Université Laval et a été récipiendaire des Prix Avatar, Tomber dans l’œil et Inter/Le lieu, en reconnaissance de la qualité de ses recherches sonore, spatiale et performative.
Séjour de prospection
10 au 14 avril 2023
Séjours de coproduction
10 au 17 juillet 2023
27 septembre au 6 octobre 2023
11 au 22 mars 2024
19 au 24 août 2024