Mission et historique

Mission

Explorer et faire évoluer les pratiques et les modes de diffusion de l’art actuel.

Mandat et activités

Centre d’essai voué à la mise en œuvre de l’art actuel, dans des espaces non dédiés à l’art, et dans un rapport de proximité à la collectivité. Ses activités de recherche, création, production, diffusion, édition, ses forums de réflexion, engagent les professionnels de l’art —praticiens et théoriciens— et les publics, dans une dynamique d’apprivoisement réciproque, pour explorer d’autres manières d’habiter le réel.

Vision

En soutenant et en approfondissant la pratique des arts visuels actuels et plus spécifiquement ce qu’il réunit sous le vocable d’art infiltrant, le centre travaille à féconder les rapports artistes/publics et à valoriser les liens entre la pratique artistique, l’espace public et l’engagement social.

Nous entendons par art infiltrant des pratiques opérant à même le réel par un investissement d’énergie dans le corps social —art in situ, in socius, art action, art contextuel, art d’attitude, intervention furtive, manœuvre. Les processus de l’art infiltrant privilégient une diversité d’approches esthétiques, une attitude constructive, ouverte ; ils mettent à profit des compétences ne relevant pas exclusivement du champ artistique.

Historique

Fondé en 1984, le 3e impérial, centre d’essai en art actuel a été le premier centre d’artistes du réseau québécois et canadien à se consacrer, à long terme et de manière exclusive, à l’exploration de l’art actuel dans les espaces qui ne lui sont pas normalement dédiés. En s’engageant, à partir de 1995, dans une méthodologie d’intervention centrée sur des contextes, hors de l’espace conventionnel de la galerie, le 3e impérial a développé une approche de l’art prenant son assise dans la quotidienneté. Depuis, il continue à raffiner ses processus de travail et à les adapter aux besoins changeants de la création en art actuel et à son rapport au monde contemporain.

 

Prémices de fondation

À la fin des années 70, un groupe d’artistes issus de diverses disciplines, dont les ateliers étaient situés au 3e étage de l’ancienne usine Imperial Tobacco (Granby, Québec), initiait les premiers et rares événements d’art contemporain locaux. Les 9000 pieds carrés des espaces du 3e étage de l’usine dont ces artistes disposaient en permanence ont été un lieu d’inspiration, de liberté de création et de réalisations publiques. Au même moment, ils investissaient d’autres espaces en périphérie (caserne de pompier désaffectée, centre d’achat inoccupé, commerces du centre-ville), débusqués pour y déployer diverses manifestations multidisciplinaires sous forme d’installations in situ et d’interventions performatives. Ces premières expériences, conjuguées aux impératifs de la gestion communautaire d’espaces de création, ont mené à la fondation de l’organisme en 1984, sous la première dénomination Haut 3e Impérial, centre de création, de diffusion et de services.

 

Explorations in situ et réseautage

Le centre met en place un programme de résidence et de présentation en galerie dont les orientations convergent vers une approche in situ. Au cours de cette période, plusieurs événements hors les murs et échanges inter-régionaux et internationaux sont réalisés, amenant le centre à s’engager dans un mouvement de professionnalisation :

  • 1988 L’art et l’eau, symposium d’installation in situ sur l’eau (Lac Boivin, Granby);
  • 1991 – Aigris ou verts (avec le centre Grave); Échange atelier-résidence (Québec/Suisse);
  • 1992 – Transaction, (avec le collectif des Installateurs de Beauce);
  • 1993Festival internacional del arte La punta del diablo (Uruguay);
  • 1994-1996 – Rencontre internationale d’art performance en réseau (Inter/Le lieu);
  • 1994À l’affût  (avec Boréal art/nature);
  • 1994 L’art et l’eau – Rencontre continentale (Lac Boivin, Granby).

De 1988 à 1995, le centre offre un programme de médiation artistique en collaboration avec la commission scolaire.

Poursuivant les explorations qui caractériseront progressivement et résolument la singularité de sa mission, le centre conçoit et réalise deux éditions du symposium L’art et l’eau (installations et performances sur l’eau du Lac Boivin, 1988 et 1994), une idée originale de l’artiste Yves Gendreau et une première dans l’histoire des symposiums au Québec et au Canada.

En 1993 le 3e impérial rejoint le réseau des centres d’artistes autogérés, affirmant à la fois son désir d’être relié au réseau professionnel de l’art actuel et son adhésion au modèle d’autogestion par les artistes.

En 1994, fort des avancées générées par la réalisation de l’événement L’Art et l’eau – Rencontre continentale, le 3e impérial entreprend une réflexion intensive sur sa mission, ses orientations artistiques et sur son positionnement territorial.

 

Art et territoire

1995

  • Forum public Culture/culture, un événement fondateur
    En 1995, le 3e impérial conçoit son premier forum public et convoque la communauté artistique pour annoncer un nouveau positionnement de ses orientations. Celles-ci postulent une rupture avec le modèle de diffusion en galerie en proposant une approche de résidence de création qui allie la production et la diffusion d’un art qui prend en compte les particularités de son environnement en se déployant dans la territorialité et en s’engageant dans le développement de pratiques tournées vers l’expérimentation de nouveaux contextes, matériaux et publics.
  • Changement aux lettres patentes
    Conséquemment, s’ensuit une modification à la mission et aux objets de sa charte. Le nom du centre est modifié pour 3e impérial, centre d’essai en arts visuels.

1996

  • Effet de lieu, une non exposition, une première publication
    Un premier projet de publication est mis en chantier : il rassemble les propositions utopiques d’artistes du Québec, des États-Unis et d’Europe et énonce, sur un autre registre, la posture artistique du 3e impérial.
  • Instants ruraux, un premier cycle pluriannuel de résidence et d’art public éphémère
    Abandon définitif de la programmation en galerie et lancement du programme de résidence Instants ruraux, alliant production et déploiement d’art in situ dans les espaces de la ruralité, une première dans le réseau de l’art au Québec et au Canada.

1997-2002

  • Les cycles de programmation successifs, Instants ruraux (1997-1999) et Supra rural (1999-2002) donnent lieu à la réalisation d’interventions dans les paysages en mutation de la néoruralité et de la rurbanité. Il s’agit de repérer les enjeux actuels du territoire rural, de les mettre en situation pour mieux remuer, manœuvrer le terrain.
  • Soutien à la création/production
    Les processus de la résidence et les méthodologies de production et de mise en œuvre se précisent et ont continué de se raffiner jusqu’à aujourd’hui. Une étape cruciale de la résidence est intégrée à l’offre aux artistes dès 1999 : un séjour préliminaire de prospection. Un support technique diversifié (atelier de menuiserie, outils tout-terrain, équipement multimédia) avec accompagnement au démarchage est également mis en place et se développe. Les premières résidences d’auteurs associés aux projets des artistes sont expérimentées.

2001

  • ALICA- Alliance pour la circulation de l’art
    Le  champ d’action s’amplifie en 2001 avec le projet collectif ALICA : huit projets d’art in situ et in socius se déploient successivement pendant 8 semaines dans six régions du Québec et sur le web. Une publication importante est réalisée, appuyée d’un texte critique de Alain-Martin Richard.

 

Art et contextes

Cycle de programmation 2002-2005

Cycle de programmation 2005-2008

  • Champs d’intérêt : infiltrer, habiter, spéculer
    « … énonce les étapes cruciales des processus de création propres au travail de l’artiste en résidence et  du travail de soutien, de médiation et de diffusion du 3impérial. La triade est souple, la séquence permutable, ce qui permet d’interroger autrement les rapports de réciprocité de l’art contextuel. … (Il s’agit d’explorer)… les zones sensibles du territoire humain et géographique, découvrir des champs d’intérêt mutuels, investiguer, prendre part à ce qui s’y trouve de singulier. » (Julie Boivin, Ontologie d’un territoire, Champs d’intérêt : infiltrer, habiter, spéculer III)

Cycle de programmation 2008-2012

  • L’envers de l’endroit
    Ce cycle postule une approche d’art public fondée sur la notion d’art infiltrant et oriente la réflexion autour d’une réactualisation du sens de l’objet dans le contexte de ces pratiques par la tenue du Forum L’objet retourné (2008). « Territoire conceptuel. Construire l’imaginaire des lieux. Les gestes poétiques se déroulent sur des lieux précis mais ouvrent sur un imaginaire possible. Ils articulent des visibilités, des énoncés, qui deviennent le creuset d’une spéculation sur le territoire toujours dans un rapport de dialectique avec les compétences socio-esthétiques des citadins à les activer. Ici on observe que l’idée de spéculation inscrit les pratiques d’art infiltrant dans une perspective temporelle ouverte. » (Julie Boivin, Ontologie d’un territoire, Champs d’intérêt : infiltrer, habiter, spéculer III)

 

Coproduction et art infiltrant

À partir de 2002 et de manière plus affirmée en 2008, le paradigme de conquête des territoires qui sous-tendait les actions du centre depuis la fin des années 80 s’inverse, passant à une quête du réel. Ce nouveau paradigme constitue désormais le fondement de l’idéologie du centre, soutenu par cette constante qui demeure au cœur de sa vie collective depuis les débuts : offrir aux publics des points de rencontre inédits avec l’art, et aux artistes une plateforme d’expérimentation publics/artistes. Les processus de mise en œuvre les plus fertiles et les plus pertinents s’avèrent relever d’une approche de coproduction qui s’est lentement tissée au fil du temps, impliquant un travail soutenu d’interrelations et d’interactions entre l’équipe du centre, les artistes et tous les collaborateurs qui gravitent autour des projets ou qui y prennent part.

 

Communication et réflexion critique

Forums publics / Résidences d’auteurs et de chercheurs 
Pour nourrir ses activités éditoriales et enrichir sa démarche idéologique, le centre intègre à sa programmation, à partir de 2001 et de façon récurrente, des résidences d’auteurs associées aux projets des artistes et il accueille occasionnellement des chercheurs en résidence. Depuis 1995, le centre a mené un programme de débat public sous forme de rencontres de discussion et de forums dont l’originalité consiste à allier l’intervention artistique au discours.

Communication / Édition
À partir de 2002, le centre entreprend un important travail de communication avec la création d’un site web dynamique qui rend compte des projets réalisés, notamment sous forme de cyber-reportages. Animé par une volonté de participer à la réflexion critique et aux discours de l’art actuel et de rendre pérennes les œuvres réalisées dans le cadre de ses programmations, le centre développe des activités d’édition en produisant des publications imprimées et des documents vidéographiques. En date de 2022, le 3e impérial a produit plus d’une quinzaine de publications, plus de quatre-vingts opuscules, une soixantaine de documents vidéo ainsi que près d’une centaine de cyber-reportages sur son site web.

 

Médiation et art infiltrant

Le cheminement du 3e impérial inclut l’évolution d’une démarche de médiation qui prend forme de diverses façons (conférence, atelier de sensibilisation, promenade sonore, etc.). La médiation active devient rapidement un enjeu crucial dans la conduite de sa mission et de ses orientations.

 

Implication et rayonnement

Le 3e impérial est membre du RCAAQ, du REPAIRE, du Conseil de la culture de l’Estrie, de Les Arts et la ville et participe régulièrement aux assemblées générales de ces associations.

Fort de plus de 35 années de réalisations et d’implication, le 3e impérial est reconnu pour sa participation au développement de l’art actuel et pour sa contribution à l’émergence et au soutien de nouvelles pratiques d’art public. Le 3e impérial y fait figure de proue puisqu’il en est devenu l’un des fleurons et sert de modèle à toute une communauté, établie autant en région que dans les grands centres urbains.

À ce titre, le 3e impérial est régulièrement sollicité pour son expertise lors de consultations, colloques, conférences, forums nationaux et internationaux ou pour des collaborations.